Le CJD s’intéresse depuis longtemps à l’entrepreneuriat social, comme le montre, parmi d’autres, cet article d’un numéro de Dirigeant de juin 1983 qui présente une « entreprise JD » vendéenne ayant choisi un statut juridique rare.
L’économie sociale est à l’ordre du jour. Mais si le secteur mutualiste et les coopératives ouvrières sont des structures aujourd’hui bien connues, la société anonyme à participation ouvrière (S.A.P.O.), créée en 1917, est une forme juridique peu employée.
Elle présente pourtant des avantages spécifiques qu’on aurait intérêt à redécouvrir.
Comme le montre l’exemple de Climax S.A., entreprise de La Roche-sur-Yon.
Un métier tout neuf, celui de projeteur de polyuréthane pour assurer l’étanchéité et l’isolation des bâtiments… Une structure d’entreprise originale, encore peu utilisée et peu connue, celle de Société Anonyme à Participation Ouvrière (S.A.P.O.)… Bernadette et Martin Constant n’ont pas choisi la facilité pour créer leur société « Climax Sa » à la Roche-sur-Yon (Vendée).
Logique puisqu’ils voulaient ainsi échapper à la routine, confortable financièrement mais peu satisfaisante intellectuellement, et mettre leurs idées, leurs convictions (qu’ils développent au sein de la section Vendée-Choletais du CJD) en application.
Deux idées-force ont guidé Bernadette et Martin Constant dans leur démarche : travailler dans un créneau « où le développement est possible sans forcément marcher sur le voisin » et instituer des relations nouvelles avec le personnel. Concrètement, le choix s’est porté sur le bâtiment et une spécialité très technique, l’étanchéité isolante. Climax Sa s’est d’abord intéressée aux procédés classiques mais, rapidement, Martin Constant a retenu l’usage du polyuréthane « meilleur isolant mousse connu, étanche à certaines densités, adhérant aux supports, résistant au feu et dégageant peu de gaz toxiques ». Innovation technique et innovation sociale sont étroitement liées ainsi que le montre cet exemple : Climax Sa s’est récemment adjugé un chantier bien particulier, la rénovation d’un bâtiment d’un quartier populaire de la Roche-sur-Yon, immense bâtisse rejetée par les candidats au logement que l’on humanise dans le cadre d’une opération « Habitat et Vie Sociale ».
Si Climax Sa a emporté l’adjudication, c’est parce qu’elle a fait appel, pour le bardage des façades à la technique des échafaudages volants ou nacelles. Et si elle a pu retenir cette technique peu habituelle, c’est que le personnel (17 salariés de 25 ans de moyenne d’âge, il est vrai) a accepté de remettre en question ses habitudes de travail et de s’adapter. « Ce succès est à mettre au compte d’un type de relations différentes » explique Bernadette Constant qui a retenu comme structure juridique, celle de la SA P.O., structure encore peu répandue (une quinzaine en France). Ce qui ne facilite pas les choses, chaque initiative faisant, en quelque sorte, jurisprudence.
Mais les structures ne sont rien si on ne les fait vivre. « II ne s’agit pas faire du social comme on faisait la charité, poursuit Bernadette Constant : plus que jamais la vocation d’une entreprise reste de dégager des bénéfices pour assurer sa survie. La S.A.P.O. permet au personnel salarié de prendre part, non seulement aux bénéfices mais également à la gestion de la société. »
Un représentant du personnel (élu tous les deux ans car il ne s’agit pas de créer de nouveaux bastions et des rentes de situation) siège donc au conseil d’administration comme administrateur à part entière et la participation financière se fait grâce à la création d’actions du travail, propriétés collective du salarié.
Des charges sociales réduites
Mais là n’est d’ailleurs pas le principal intérêt financier : un accord d’intéressement permet la distribution de 30 % des bénéfices avant impôt.
Si le personnel touche, en salaire les minima de la profession (moins de charges sociales pour l’entreprise) par contre il se partage par le biais de l’accord d’intéressement, des dividendes S.A.P.O., et d’un accord de participation environ 40%des bénéfices avant impôt.
Bernadette Constant poursuit : « Les structures nouvelles ne sont pas tout, il faut les animer pour que la réunion générale de chaque premier lundi du mois soit bien un lieu d’échanges ».
Il y a donc un travail de formation important à mettre en œuvre, travail de formation du personnel mais aussi des responsables de Climax Sa. Pour que soient conciliés « efficacité et motivation, développement individuel et réussite collective, richesse économique et progrès humain ».
La petite taille de Climax Sa semble un atout supplémentaire pour y parvenir.